Le potamochère ( Potamochoerus larvatus ) est un porc sauvage, seul représentant de l’ordre des Artiodactyles et le plus grand mammifère sauvage que l’on retrouve à Madagascar.
On pense que son arrivée depuis le continent africain à Madagascar est relativement récente, cependant, la façon dont il est arrivé est toujours un mystère. L’hypothèse la plus probable est celle d’une arrivée en même temps que les premières populations humaines venues d’Afrique qui ont colonisé en partie Madagascar, il y a 2000 ans. Cette hypothèse repose sur le fait que le potamochère aurait pu être domestiqué ou semi-domestiqué avant son introduction sur l’île. Certains auteurs auraient retrouvé des indices de domestication du potamochère dans certaines zones d’Afrique (Faure et Guerin, 1988).
En revanche, d’autres auteurs pensent que l’espèce pourrait être endémique à Madagascar. Il s’agirait dans ce dernier cas de la seule espèce malgache qui ait un équivalent dans le continent africain (mise à part une espèce d’hippopotame nain déjà éteinte).
A Madagascar, le potamochère est considéré comme une espèce introduite depuis à peu près 2000 ans, à partir de l’espèce P. larvatus. D’après Cuvier (1822), deux sous-espèces sont décrites :
La description des deux sous-espèces garde une grande analogie avec les deux types d’animaux décrits par les populations malgaches comme « lamboala » et « lambosui », le premier étant une variété plus grande et d’un pelage plus sombre et la deuxième plus petite et plus rousse.
Dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ou Centrale comme le Burkina Faso, le Gabon ou le Zaïre, des cas de croisement avec les porcs ( Sus scrofa ) ont été signalés. Le même phénomène est décrit à Madagascar, dans des zones d’élevage porcin en divagation. L’hybridation entre le potamochère (P.larvatus et P. porcus) et le porc ensauvagé est aussi reportée dans la littérature en Afrique Australe et Centrale.
En général, l’information disponible sur le genre Potamochoerus est peu abondante. La plupart des informations disponibles proviennent d’Afrique du Sud. Le cas de Madagascar n’est pas une exception et les études sur cette espèce de suidé sont pratiquement inexistantes. Souvent considérée comme nuisible, elle a mérité jusqu’à présent très peu d’attention de la part des organismes travaillant sur la faune sauvage. Les seules informations retrouvées se limitent à quelques rapport concernant leur impact sur des espèces endémiques de tortues, à l’exception d’un rapport récent de WCS sur l’île de Nosy Mangabey.
La vie sociale du potamochère et essentiellement basée sur le groupe familial, constitué d’un couple d’animaux adultes (mâle et femelle) et de sa progéniture d’une ou deux générations. La taille moyenne du groupe familial varie en fonction du milieu pouvant aller de 2,4 individus en Afrique du Sud à plus de 30 en forêt équatoriale. A Madagascar, la taille de groupe acceptée est de 1 à 10 au maximum. La dispersion des jeunes se produit entre 1,5 et 2 ans d’âge.
En Afrique du Sud, les densités de potamochères sont en général basses et l’ingestion d’autres créatures vertébrées ou invertébrées est considérée comme opportuniste. Leurs effets sur d’autres populations animales sont insignifiantes. La seule exception est celle des crapauds de pluie ( Breviceps fuscus ), dont la prédation par des potamochères semble constituer une cause non négligeable de mortalité dans la province du Cap.
La prédation du potamochère sur plusieurs espèces endémiques et son environnement a été souvent signalée à Madagascar, mais rarement démontrée jusqu’à présent. En général, le potamochère est souvent perçu par la plupart des organismes de conservation comme une animal nuisible pour les espèces endémiques de flore et de faune. Cependant, il existe un cruel manque de données sur cette espèce, ce qui ne facilite pas la confirmation de cette hypothèse.
A Madagascar, le commerce de la viande de potamochère représente un complément non négligeable pour l’économie familiale.
Cette situation s’est particulièrement accentuée avec l'apparition de la Peste Porcine Africaine, dont les foyers ont décimé une partie très importante du cheptel porcin domestique. Ainsi, la viande de porc étant rare dans la région, la demande semble s'être réorienter vers la viande de « sanglier ».
Tableau 1 : Prix au kilo de principales viandes dans les sites visités en novembre 1999 (en Francs malgaches, 1000FM=1FF)
Les principaux points de vente se font dans les marchés de Mahajanga et Morovoay. La plupart des animaux qui approvisionnent Mahajanga, proviennent de Mariarano/Anjohibe (zone à l’Est de la ville), et dans une moindre mesure de la zone de Misintjo-Kastepy (rive gauche). Les animaux arrivent en général vivants et sont tués juste avant la vente. Ceux qui meurent avant d’arriver au point de vente sont éviscérés et boucanés pour retarder la putréfaction. Leur comportement moins farouche que celui observé en Afrique Centrale, permet une tolérance beaucoup plus importante à la présence humaine, à la manipulation et au transport.
Chaque famille ou clan familial opère en lisière ou à l’intérieur des forêts ou se réfugient des populations importantes de potamochères et dispose d’une douzaine de pièges en moyenne, séparés de 1 km. A Morovoay et Manaratsantry, les animaux vendus proviennent surtout de la rive gauche de la Betsiboka, et en particulier des forêts au nord-ouest de Bemaharivo, ou 4 groupes de chasseurs opèrent sur une zone de 60 km².
Le rythme d’animaux qui atteignent le marché est de 5 à 10 potamochères par semaine. Cependant la fréquence de capture et la commercialisation sont certainement moins importantes pendant la saison des pluies et le début de saison sèche. Les animaux sont vendus par les chasseurs aux intermédiaires à des prix entre 15.000 et 60.000 FM en fonction de leur taille.
La ressource « potamochère » s’avère extrêmement importante d’un point de vue socio-économique pour affronter la période de soudure, chez les populations rurales de certaines zones riches en faune, notamment depuis de l’apparition de la PPA. Pendant la saison des pluies, ce commerce se réduit considérablement en raison du mauvais état des routes et d’une probable réduction dans l’efficacité des captures.
Chez les potamochères adultes, il n’existe pas de virémie et seule une séropositivité peut être détectée. Le virus reste localisé dans la rate avec une faible diffusion aux autres organes lymphoïdes.
Les voies de transmission du virus de la PPA entre suidés domestiques et sauvages sont les suivantes :
Le risque est très faible que ce soit du réservoir sauvage au domestique ou vice versa. Des essais expérimentaux de transmission du virus du potamochère au porc domestique ont toujours échoué. Une seule expérience témoigne du passage de virus d’un potamochère contaminé à un porc sain (Anderson et al., 1998). Des essais expérimentaux ont démontré que la diffusion aérienne du virus en milieu ouvert est peu probable (Plowright, 1981)
En Afrique de l’Est, la tique molle Ornithodoros moubata , présente dans 30-95% des terriers de phacochère peut maintenir le virus pendants des années sans besoin de présence de vertébrés. Le passage d’une tique infectée d’un hôte domestique à un hôte sauvage ou vice versa est possible soit directement pendant le partage du même espace (par exemple en lisière des forêts), soit indirectement lors du transport ou d’animaux vivants (Plowright, 1981) .
Cette voie d’infection semble possible dans certains endroits ou la consommation de gibier est fréquente, et les porcs sont nourris avec des eaux grasses ou des abats de gibier infecté.
A Madagascar, on aurait pu espérer une forte mortalité auprès des populations de cette espèce, considérant que la population de potamochères malgaches n’est jamais auparavant rentré en contact avec le virus. Cependant jusqu’à présent, aucune mortalité importante n’a pu être enregistrée.
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