Contexte actuel, enjeux et projets de recherche sur l'hygiène et la qualité des produits porcins, par une approche méthodologique englobant l'ensemble de la filière porcine vietnamienne.
Plusieurs facteurs participent aujourd'hui à la préoccupation croissante des acteurs de la filière porcine vietnamienne aux problèmes de la qualité sanitaire :
Les données de santé publique publiées par le Ministère de la Santé révèlent un nombre important de cas de diarrhées (deuxième taux de mortalité après les infections à Influenza, 2002). Une étude réalisée dans le delta du fleuve rouge sur des diarrhées infantiles a montré la prépondérance de certains agents bactériens : Campylobacter jejuni (26 % des isolats), Campylobacter coli (5 %), Shigella (30 %), ETEC (29 %), EIEC (5%), Salmonella (4 %), autres (1%) (Isenbarger et al ., 2001).
Le réseau national de surveillance épidémiologique pour les maladies diarrhéiques d'origine alimentaire (toxi-infections alimentaires) au Vietnam donne une estimation du nombre de cas déclarés (213 foyers, 4233 cas en 2000, par exemple). Parmi ces cas, 33 % seraient d'origine bactérienne et 17,5 % d'origine chimique (Health Statistics Yearbook, 2002).
La forte augmentation de la population au Vietnam (de 80 millions en 2003 à 110 millions d'habitants prévus en 2020, proportionnellement plus importante dans les villes) entraîne une demande croissante en produits animaux, notamment en zone péri-urbaine. A Hanoi, la demande en viande porcine passerait ainsi de 97 000 tonnes en 1996 à 250 000 tonnes en 2020 (Quang, 1999).
Les productions animales devront essayer de suivre cette demande en améliorant la productivité (accroissement du cheptel porcin de 6,31 % entre 1990 et 2003, contre 1,6 % en Chine, 3,8 % aux Philippines ou 1,5 % en Thailande) sans négliger pour autant la qualité des produits, notamment la qualité sanitaire.
Le Vietnam est toujours dans une dynamique de mise en place d'une économie de marché, entraînant une ouverture au marché extérieur. Le pays prévoit une entrée dans l'ASEAN, une adhésion à l'OMC et un positionnement sur les marchés export (convention commerciale vietnamo-américaine, adhésion à l'ASEAN en 2006, application contraignante des accords SPS en prévision d'une entrée à l'OMC, réduction à 5 % des taxes d'importation sur les produits porcins en 2002…).
Cette ouverture nécessite une adaptation de la filière porcine par deux aspects :
1- rendre la filière compétitive (baisse des coûts de production à qualité équivalente) pour parer la concurrence des produits importés dans le pays et pour rester compétitif sur le marché extérieur.
2- Assurer une production de qualité pour satisfaire toutes les niches de marchés locales et pour instaurer une confiance dans les produits locaux par rapport aux produits importés. L'image des produits locaux doit rester avantageuse pour soutenir la filière. Cette approche de la qualité peut conduire à une labellisation de certains produits, comme l'a montré l'exemple de la filière "légumes propres", par exemple. Cette approche nécessite une sensibilisation et une organisation de la production ainsi que la mise en place de contrôles adéquats avec une participation active de l'Etat. Elle nécessite également la prise en compte des attentes des consommateurs.
Réglementation de plus en plus contraignante
Conscient des enjeux économiques et de santé publique, le gouvernement a déjà engagé des mesures renforçant les normes et la réglementation sur la sécurité des aliments (Directive 08/1999/CT-TTg, Décision N° 71/2001/QD TTg par exemple, présentant de vastes plans d'action en hygiène et qualité des aliments). Ces plans d'actions s'accompagnent de recherches lancées sur les TIAC (toxi-infections alimentaires collectives), leurs causes et les solutions envisagées, les politiques et les programmes mis en place, les liens entre l'alimentation et la santé etc.
Tableau 1 : Dangers potentiellement liés à la consommation de viande porcine¹
CHIMIQUE | ||
Résidus | ||
Antibiotiques | Chloramphénicol, Quinolones, tétracyclines | |
Anabolisants | Clenbutérol | Crainte principale des consommateurs urbains |
Contaminants | ||
Pesticides | Carbaryl, DDT, Lindane | |
métaux lourds | PB, Hg, Cd | |
Dioxines | Agent orange | |
MICROBIOLOGIQUE | ||
Bactérien | ||
Salmonella spp. | S. Typhimurium, S. Derby | |
Campylobacter | C. jejuni, C. coli | |
Listeria monocytogenes | ||
Yersinia | Y. enterocolitica | |
Bacillus | Bacillus cereus | |
Staphylococcus | Stahylocossus aureus | |
Clostridium | C. perfringens | |
E.coli | EHEC, EIEC, VTEC | |
Leptospira³ | L. icterohaemorrhagiae | |
PARASITAIRE | ||
Trichinellose | Trichinella spiralis | |
Cysticercose | Cysticercus cellulosae (Taenia solium) | |
Ascaridiose | Ascaris suum | Surtout dans les élevages intégrés porc/poisson du Sud-Vietnam. |
Toxoplasmose | Toxoplasma gondii | |
Cyclosporose | Cyclospora cayetanensis | |
FONGIQUE | | ||
Mycotoxines | Aspergillus flavus | Contamination à travers l'alimentation animale (maïs et tourteaux d'arachide) |
Dans le cadre du PCP-PRISE (Pôle de Compétence en Partenariat – Pôle de recherche sur l'intensification des productions animales), des activités de recherche se mettent en place sur l'hygiène et la qualité des produits porcins, par une approche englobant l'ensemble de la filière.
En s'appuyant sur des structures existantes parmi les partenaires de PRISE, les recherches sur la qualité sanitaire des produits porcins seront menées à partir d'une plate-forme analytique locale, dont les moyens et les compétences seront adaptés aux besoins des différentes études.
Un certain nombre de thématiques pertinentes dans le contexte vietnamien sont envisagées:
Salmonella, Campylobacter, E. coli, Listeria : pour chacun de ces agents pathogènes zoonotiques sont cités des exemples de sujets d'étude envisagés :
(antibiotiques, hormones de croissance, etc) :
(pesticides, colorants, métaux lourds, etc) :
Il est fait référence à des études économiques ou socio-économiques étant donné que ces approches nous semblent indissociables de la mise en place durable d'une production de qualité dans les pays où les indemnisations de l'Etat sont insuffisantes.
De plus, imposer des normes aux éleveurs par l'intermédiaire de contrôles officiels des services vétérinaires n'est pas forcément le moyen le plus efficace pour obtenir une production de qualité. Il faut plutôt compter sur une motivation des professionnels de la filière, et principalement des éleveurs, par des actions de recherches économiques (micro-économie) et sociologiques (par exemple sur les consommateurs) qui prouvent un avantage à mieux produire. Ceci montre que les interactions entre chercheurs (sociologues, économistes et "pathologistes") sont primordiales.
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